Hier, comme les jours d’avant, je ne mesurais pas combien tu comptais pour moi. Insouciant, c’est de mon âge, je t’ai souvent entendu le dire, je vivais comme si tout était éternel. Comme si rien n’avait d’importance. La jeunesse excuse beaucoup de choses. Trop peut-être. Quelques heures ont suffi pour que toute ma vie soit remise en cause. Je sens déjà les regrets envahir mon esprit. Si ceci, si cela… Il est impossible de revenir en arrière. Impossible de rattraper le temps perdu. Impossible, tout simplement. Je n’ai jamais autant pleuré que ces dernières heures. Comme si la source de mes larmes était intarissable. Ma peine est inconsolable. J’aurai voulu te rendre fier de moi, de ce que je serai devenu. Te faire papy, gâteau comme tu l’aurais été. Je regrette de ne pas t’avoir connu plus, tant de questions restent en suspens. Le silence qui règne me pèse. Assis près de toi, dans cette pièce tamisée, c’est sans doute la première fois que nous passons, seuls, autant de temps ensemble. Ensemble et pourtant, aux dires  des gens, tu n’es plus là.